Montées des régimes autoritaires et fragilités des démocraties
Le front populaire
Dans les années 1930, la France, comme de nombreux autres pays, est frappée par une grave crise économique. Cette période de difficultés économiques entraîne une montée du chômage et de la pauvreté, provoquant un climat social tendu. En parallèle, l’Europe voit la montée des régimes autoritaires et fascistes, notamment en Allemagne avec Adolf Hitler et en Italie avec Benito Mussolini. En France, des mouvements d’extrême droite, tels que les ligues, gagnent en influence et organisent des manifestations violentes, notamment lors des émeutes du 6 février 1934 à Paris.
Face à ces menaces, les partis de gauche décident de s’unir pour défendre la démocratie et les droits sociaux. C’est ainsi qu’en 1935, le Front populaire se forme, rassemblant le Parti communiste, la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO, parti socialiste) et le Parti radical.
A) Victoire et réformes
En mai 1936, le Front populaire remporte les élections législatives. Léon Blum, leader de la SFIO, devient président du Conseil. Les ouvriers de France déclenchent une grève générale qui paralyse le pays. Le patronat est obligé de négocier. Son gouvernement entreprend de nombreuses réformes sociales pour améliorer la vie des travailleurs, telles que :
Les Accords de Matignon : Signés en juin 1936, ils augmentent les salaires, reconnaissent les syndicats et améliorent les conditions de travail.
Les Congés Payés : Les travailleurs obtiennent deux semaines de congés payés par an, une avancée sociale majeure.
La Semaine de Travail de 40 Heures : La réduction du temps de travail vise à créer de l’emploi en partageant le travail disponible.
Le Front populaire symbolise un moment d’espoir et de progrès social, mais il doit faire face à des défis économiques persistants et à des tensions politiques internes. En 1938, le Front populaire s’effondre, mais il laisse un héritage durable en matière de droits sociaux en France.
B) Difficultés et fin
Le Front populaire, bien qu’il ait apporté des avancées sociales significatives, fait face à de nombreux défis dès sa mise en place. Voici quelques raisons qui expliquent la fin du Front populaire :
Difficultés Économiques : Malgré les réformes, la France continue de subir les effets de la Grande Dépression. La croissance économique reste faible, et le chômage persiste, ce qui limite la capacité du gouvernement à financer ses politiques sociales.
Opposition Politique et Sociale : Les réformes du Front populaire suscitent une forte opposition de la part des milieux d’affaires, des conservateurs et des mouvements d’extrême droite, qui critiquent les mesures comme étant trop favorables aux travailleurs et nuisibles à l’économie.
Tensions Internes : Au sein même de la coalition, des désaccords apparaissent. Les communistes, les socialistes et les radicaux ont des visions différentes sur la politique économique et la gestion des affaires étrangères, notamment face à la guerre civile espagnole.
Contexte International : La montée des tensions en Europe, avec la guerre civile en Espagne et la menace croissante des régimes fascistes, crée un climat d’incertitude. Cela complique les choix politiques du Front populaire, notamment en matière de défense et de politique étrangère.
Crise de Confiance : Les difficultés économiques et les tensions politiques entraînent une perte de confiance parmi les électeurs et au sein du gouvernement lui-même. En juin 1937, Léon Blum démissionne, et bien que le Front populaire continue sous d’autres leaders, il ne parvient pas à maintenir la même dynamique.
Finalement, en avril 1938, le gouvernement Daladier, plus centriste, prend le relais, marquant la fin effective du Front populaire. Malgré son effondrement, le Front populaire a marqué l’histoire par ses réformes sociales et son engagement en faveur de la démocratie face à la montée des totalitarismes en Europe.

